Bienvenue sur www.Préparation-Physique.info
La communauté des sportifs francophones
 
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
- Bienvenue sur www.Preparation-Physique.info - La communauté des sportifs fancophones -
Gregory GABELLA, champion de France du saut en hauteur, 2m30

 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Bienvenue sur www.Préparation-Physique.info Index du Forum -> Interviews / Sondages
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Jean-Marc BERTRAND
Administrateur Site
Administrateur Site


Inscrit le: 01 Aoû 2006
Messages: 3395
Localisation: Montpellier

MessagePosté le: Mar Aoû 28, 2007 8:46 pm    Sujet du message: Gregory GABELLA, champion de France du saut en hauteur, 2m30 Répondre en citant

J'adresse un grand merci à Grégory pour avoir pris le temps de répondre à ces quelques interrogations. Vous allez découvrir un athlète d'exception aux remarquables qualités tant sportives qu'intellectuelles. Son analyse du sport en général et de sa discipline en particulier est très riche et inspirante. Bonne lecture à tous et merci encore Greg pour cette interessante et instructive contribution

Pouvez-vous vous présenter (parcours, palmarès, etc.) puis présenter votre discipline sportive ?

Je m’appelle GABELLA Grégory, je pratique le saut en hauteur au club d’Aix-les-Bains (73) et je suis originaire de Thonon-les Bains (74). Mon record personnel est de 2m30 réalisé le 22 juin 2002 à la coupe d’Europe à annecy. Cette performance m’a valu la victoire à cette même compétition. J’ai été plusieurs fois champion de France chez les jeunes (97, 99, 2001). En 1997 j’égale le record de France cadet de Joël Vincent avec 2m19. (Record qui tombera plus tard, battu par Michael Hannany avec un saut de 2m20.) En 98 je participe aux championnats du monde junior Annecy et en 99 je suis vice champion d’Europe junior à Riga. J’ai été champion de France élite en 2001, 2004, 2005. Tout le palmarès précédemment cité est outdooor, je ne parle pas des compétitions en salle car pour moi l’athlétisme est avant tout un sport qui se pratique dehors.



A mes yeux le saut en hauteur peut être défini ainsi : « un défi de la gravité par le biais d’un geste technique ».

Comment êtes-vous arrivé à pratiquer cette activité et a quel âge avez vous débuté ?

J’ai commencé l’athlétisme à l’âge de 16 ans (cadet 1) via le professeur de sport de mon collège qui m’a conseillé d’allé voir un club. A l’époque je pratiquais le Basket-ball et faire que de l’athlétisme ne m’emballait pas plus que cela. Je suis pour le sport pluridisciplinaire et d’ailleurs j’ai continué à faire basket et athlétisme jusqu’en junior 2ème année.

Que vous a apporté votre pratique sportive (sur le plan mental, émotionnel mais aussi matériel, financier, etc.) ?

Presque tout ! Les voyages, les rencontres, les joies, les déceptions… J’ai même eu le privilège de sautér avec le grand JAVIER SOTOMAYOR, et je dis bien avec et non contre !
J’ai toujours préféré me battre contre l’adversité plutôt que contre les adversaires. Je n’aime pas l’approche « guerrier des stades », colère, haine…..

Comment vous entraînez-vous (fréquence des entraînements, déroulement) ?

En période hivernale je m’entraîne tous les jours 2h. Il y a beaucoup de préparation physique générale dans ce que je fais, du sprint court et long, des bondissements sur haies, des impulsions, de la musculation et aussi pas mal de foncier (footing, côtes) avec avant chaque entraînement un échauffement de groupe. Comme vous le voyez, l’hiver les séances techniques de sauts sont quasi inexistantes, les compétitions font offices de réglages. L’hiver n’est pas important en terme de résultats à mes yeux, ce qui compte c’est de se préparer pour l’été. En revanche en période estivale je lève le pied sur le volume et travaille plus de manière qualitative. Je fais une séance technique saut par semaine, beaucoup de travail d’éducatifs et il m’arrive aussi de doubler dans une journée. Je fais 2 séances légères par jour plutôt qu’une seule grosse.

Pratiquez-vous des étirements et si oui comment ?

Oui je pratique les étirements en début et en fin d’entraînement. En début de séance je fais des étirements « actifs » avec des temps de ressort, toujours en mouvement. En fin de séance je fais des étirements passifs dits de récupération. (Plus de 20 secondes par étirement). J’ai eu très peu de problèmes musculaires au cours de mon parcours.

Quelles sont les exigences de votre sport sur le plan nutritionnel ?

Evitér les graisses saturées (charcuteries etc…..), même si le sauteur en hauteur n’est pas sujet à la prise de poids il faut veiller à manger équilibré et en quantité réduite. Je pense que d’une manière générale nous mangeons beaucoup trop (matin, midi, 16h, soir !) il m’arrive fréquemment sur une période plus ou moins longue de ne manger qu’une à deux fois par jour ! Je sais que ça en surprendra beaucoup mais ce n’est pas pour autant que j’ai des carences ou autres problèmes d’appétence.

Pratiquez vous la musculation et si oui comment ?

Oui je la pratique de la manière la plus classique du monde ! Il n’y a rien de sorcier ou de révolutionnaire dans ma manière de faire. Arrachés (50 kg), des squats (complet et demi en hiver et demi et quart en été), des montés sur banc avec barre de 50 kg sur le dos, le tout alterné avec du gainage et des bondissements.

Avez vous déjà subi de graves blessures ou de cruelles désillusions au cours de votre carrière et comment avez vous géré ces étapes ?


Oh que oui !!
Commençons par les blessures : à la suite d’un accident bête je saute depuis 2003 avec le pouce droit de mon gros orteil bourré d’arthrose, le mouvement haut / bas est de plus en plus difficile à faire et les douleurs l’hiver me rendent quelques fois indisposé pour l’entraînement. Ensuite en 2002 l’année de mes 2m30 j’ai eu une rupture quasi-totale du psoas iliaque muscle situé non loin de l’aine. Puis arrive 2006, une saison blanche à cause d’une fracture de fatigue au niveau du troisième métatarse du pied gauche (pied d’appel). 8 mois d’arrêt total.

Quand aux désillusions je pense qu’elles sont en partie dues à mon manque de régularité mais je dois également certifier que la fédération, que j’ai détestée par moment, ne m’a jamais facilité les choses.
En résumé :
2003 championnats du monde à Paris : je réalise par deux fois les minima B (et je suis le seul à les avoir fait) la fédé m’écarte et ne me sélectionne pas….. ?!!? (Robert Poirier DTN)
2004 J.O : je saute 2m28 on demande 2m30 pour les J.O.
2005 monde à Helsinki : je suis champion de France avec 2m28 mais je ne suis pas sélectionné au monde suite à un barrage improvisé 4 jours après les championnats de France !
Pour finir je dirais qu’à l’instar de la perche, une compétition de saut en hauteur se termine toujours par un échec (sauf si vous décidez d’arrêter avant la fin ! ce qui arrive assez rarement), par conséquent, on construit toute notre carrière sur la dynamique de l’échec ce qui en soi est assez paradoxal non.



Que pensez vous des compléments alimentaires (créatine, protéine, etc) ?

Le problème des compléments alimentaires c’est d’entraîner une conduite addictive chez l’athlète et de ne plus s’en apercevoir. Pour ma part je n’ai jamais pris ce genre de compléments. Un jus d’orange le matin et un peu de vitamine C dans les très mauvais moments de fatigue ou tout simplement un repos total et l’acceptation de ses propres limites.

Quelle est votre point de vue sur le dopage dans le sport ?

Je suis un radical de la lutte antidopage, presque intégriste et je m’y intéresse de très près. Nous sommes entourés de faux-cul et d’hypocrites qui pratiquent la langue de bois comme Felix Sanchez le 400m haies. Mais malheureusement j’ai un avis très pessimiste sur le sujet. Pour moi le dopage est un combat perdu d’avance. En y regardant de près, le problème du dopage ce n’est pas le gars dopé mais celui qui ne se dope pas !! Comment désormais justifier de ses performances sans jeter le doute ou lever des suspicions, comment reconnaître les vraies performances des bidons ? A la longue on risque de s’enthousiasmer sur des performances qui ne sont que le fruit d’association de substances interdites et de dénigrer les possibles exploits sous l’étiquette « dopé ». De toute façon on voit bien le dopage sert malheureusement plusieurs maîtres ou presque. Le public à des performances et c’est tant mieux, les politiques ont des médailles (ça justifie bien une petite picouze non ?), les journalistes ont des articles chocs dans leurs colonnes, les managers d’athlètes gagnent plus d’argent, les entraîneurs sont reconnus et médiatisés, et en tête de cette liste l’athlète lui-même augmente ces performances et gagne plus d’argent. Le seul bémol serait peut être la santé de l’athlète qui à moyen terme en prend un coup. Alors voilà pourquoi il est si dur d’enrayer le dopage, parce qu’il profite à tous les étages à tout le monde et parce que désormais il fait partie du paysage de la vie sportive. Le monde s’en accommode bien du moment qu’il y a du spectacle et de l’argent…
Ce sujet est décidément trop passionnant et trop vaste pour tenir dans une seule réponse.

Selon vous, l’aspect psychologique est-il important pour réussir dans votre discipline ?

Si j’osais je dirais :

50 % de psychologie

25 % de prédispositions génétiques

25 % de travail et d’entraînement

Arrivez-vous à allier facilement vie professionnelle, vie sentimentale et pratique sportive ?

Non tout cela et bien difficile, la tendance chez moi est au compromis, j’essaie de tout concilier mais le risque c’est d’être moyen partout ! Professionnellement, faute de ne pas figurer sur la liste des 23 athlètes professionnels j’ai décidé de créer ma société avec un autre athlète coureur de 3000m steeple non dopé (romain Arpin). Nous concevons et développons des applications pour le web (www.desclics.fr). Ma compagne m’est d’un grand soutien au quotidien, en tant qu' athlète aussi elle comprend mes contraintes sportives. L’année olympique approche et j’aimerais préparer cette échéance comme un professionnel hélas, la fédération ne nous donne plus vraiment les moyens de monter un projet sportif décent. Plus de stages nationaux, plus de regroupement avec les autres sauteurs…difficile... Les temps sont difficiles.

Comment peut on détecter un jeune ou un débutant pour savoir s’il est bon dans votre sport ?

L’envie qu’il éprouve en faisant du fosbory, la faculté qu’il montre à ne pas avoir peur de la barre et d’accepter cette sensation acrobatico- aérienne qu’est le saut en hauteur, et bien sur de très bonnes qualités de détente qui à mon sens sont primordiales pour sauter haut. Du pied, il en faut autant que de l’abnégation.

Quels conseils donneriez vous à un jeune qui souhaite s’initier dans votre discipline ?

Franchis en t’amusant ! De la façon que tu veux franchis mais amuses toi !
_________________
Sportivement
Jean-Marc BERTRAND
www.preparation-physique.info
La communauté des sportifs francophones


Dernière édition par Jean-Marc BERTRAND le Jeu Jan 17, 2013 10:43 am; édité 3 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web de l'utilisateur MSN Messenger
jandcven
Grand vétéran
Grand vétéran


Inscrit le: 05 Aoû 2006
Messages: 285
Localisation: Orange

MessagePosté le: Ven Aoû 31, 2007 5:27 pm    Sujet du message: Répondre en citant

A quand une interview de Pierre-Alexandre Vial ou de Laurent Hernu ?
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Bienvenue sur www.Préparation-Physique.info Index du Forum -> Interviews / Sondages Toutes les heures sont au format GMT + 2 Heures
Page 1 sur 1

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


Jean-Marc.Bertrand@Preparation-Physique.info