Bienvenue sur www.Préparation-Physique.info
La communauté des sportifs francophones
 
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
- Bienvenue sur www.Preparation-Physique.info - La communauté des sportifs fancophones -
MULTISPORTS - Développement durable

 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Bienvenue sur www.Préparation-Physique.info Index du Forum -> Sports nautiques / Sports de nature / Sports d'hiver
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Jean-Marc BERTRAND
Administrateur Site
Administrateur Site


Inscrit le: 01 Aoû 2006
Messages: 3395
Localisation: Montpellier

MessagePosté le: Ven Oct 29, 2010 9:10 am    Sujet du message: MULTISPORTS - Développement durable Répondre en citant

Bonjour

Vous trouverez ci-dessous un CR que je termine à l'instant de rédiger concernant les assises à Marseille sur le sujet.

Je suis curieux d'avoir vos réactions

@ bientôt

_______________

ASSISES INTERREGIONALES "SPORT ET DEVELOPPEMENT DURABLE"
Samedi 23 octobre - Faculté de médecine La Timone - Marseille

Rapport de synthèse de la table ronde "organisation des pratiques"

Président : Jean-Pierre RIGAUX
(Directeur Régional JSCS Languedoc-Roussillon)

Animateur : Eric KOECHLIN

Coordonnateur : Jean-Marc BERTRAND

Expert : Jean-Paul SALASSE

Intervenants

Eric BOSC : chef de projet à l’association « Hérault Sport ».
(Coorganisateur de la cyclosportive « Roger Pingeon » qui rassemble 1000 cyclistes)

Marion RAIZI : coorganisatrice et chargée de communication du « défiwind »
(plus gros rassemblement mondial de windsurfers à Gruissan).

Marc MOULIN : référent « sport de nature » à la Direction Départementale de la Cohésion Sociale des Pyrénées Orientales.

Jean-Marc BERTRAND : référent « sports de nature » à la Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale du Languedoc-Roussillon

Jean-Paul SALASSE : expert scientifique, directeur de l’association des écologistes de l’Euziere.

Présentation / problématique

Avec 50% de la population française qui déclare pratiquer régulièrement une activité sportive au sein d’associations, de structures privées ou bien d’espaces naturels, le sport représente un élément incontournable de la société contemporaine. Dès lors, il devient essentiel que l’ensemble des acteurs qui l’organisent, l’administrent et le règlementent soient sensibilisés aux problématiques du développement durable. Les impacts environnementaux directement liés au sport sont en effet nombreux : l’organisation d’évènements sportifs par exemple (environ 100.000 manifestations chaque année en France) induit des émissions de gaz à effet de serre et des rejets de déchets en quantité. D’autres enjeux peuvent aussi prendre une importance significative comme la préservation du patrimoine naturel et la biodiversité dans les sports de nature. La pratique du sport sous toutes ses formes et à tous les niveaux comporte donc une obligation envers les générations présentes et futures : celle de protéger et d’entretenir l’environnement. Dans ce cadre, quels sont les exemples d’actualité, novateurs, méritants et inspirants à valoriser ? S’il est intéressant de mettre en exergue ces actions remarquables, il convient aussi de souligner les tensions, frictions et rivalités existantes entre adeptes d’une pratique sportive dérégulée et tenants d’une préservation stricte de l’environnement. Quels sont les freins pour une véritable prise en compte du développement durable dans l’organisation des pratiques sportives et comment les dépasser ?

La table ronde se propose de répondre à ces interrogations en abordant 3 axes :

Des initiatives visant à prendre en compte les préoccupations écologiques à l’occasion d’organisations de manifestations sportives.

Sera notamment évoquée la problématique environnementale dans le cadre de deux manifestations de grande envergure :

- La cyclosportive « Roger Pingeon » qui rassemble 1000 coureurs à Gignac dans l’Hérault.
(Eric BOSC)

- Le plus gros rassemblement de windsurfers au monde, dans l’Aude (1500 pratiquants).
(Marion RAIZI)

Des expériences menées afin de favoriser une pratique sportive sur des espaces sites et itinéraires naturels, tout en préservant le milieu.

Sera spécifiquement présentée la prise en compte de l’environnement pour :

- L’aménagement d’un projet économique, touristique, sportif et environnemental de pleine nature d’une dimension transdépartementale : la route de la grimpe.
(Marc MOULIN)

Des illustrations concrètes de difficultés relationnelles entre sportifs pratiquants et défenseurs de l’environnement, accompagnées de solutions.

Sera principalement explicitée :

- La situation du Parc Naturel Régional La Narbonnaise Méditerranée au sein duquel la sur-fréquentation sportive d’une lagune classée « natura 2000 » n’est pas sans poser des problèmes en terme de préservation de la biodiversité.
(Jean-Marc BERTRAND)

Sur la forme, cette table ronde se veut un lieu d’échange d’information et de rencontre avec des experts reconnus, dans la convivialité, susceptible de générer les bases d’un cheminement pour une organisation plus « verte » des évènements, des espaces et des clubs sportifs. Elle sera l’occasion de mutualiser les connaissances, les expériences et les idées quant à de nouvelles méthodologies pour une organisation du sport plus respectueuse de l’environnement.
Compte rendu des échanges

Temps 1 : prise en compte des préoccupations écologiques dans le cadre de manifestations sportives

Eric BOSC et Marion RAIZI expliquent comment la problématique environnementale a été intégrée dans l'organisation de manifestations sportives d'envergure.

Pour la cyclosportive ainsi que pour le Défiwind, un responsable "développement durable" a été nommé au sein du comité d'organisation. Ce responsable a cherché à optimiser chacun des grands postes pour un peu plus de développement durable (information, inscription, affichage, déplacement, site, restauration, sanitaires, etc.). Il est vrai que l’évolution de chaque poste isolément ne représente pas un bouleversement extraordinaire. Mais l'addition de l'ensemble des mesures donne aux manifestations une réelle tonalité "durable".

A noter particulièrement l’opération « gobelets souvenirs » impulsée dans le cadre du défiwind. Publics et participants sont invités à louer pour un euro, un gobelet unique (estampillé du logo de la manifestation) qui sert pour toute la durée de la manifestation. A la fin, soit le gobelet est ramené (l’euro est rendu) soit le gobelet est gardé en souvenir. Ce dispositif a permis de faire passer la consommation de gobelets de 10.000 à 1000 au fil des ans.

Ces deux témoignages permettent d'énoncer quelques préconisations :

... en matière de déplacement :

- Inciter à l’utilisation de transports collectifs pour venir sur le lieu de rencontre (par exemple : réduction de 50% du tarif d'inscription si présentation d'un billet SNCF)
- Inciter au co-voiturage (création d'un site Internet dédié permetant la mise en relation des participants, des spectateurs. Parking gratuit pour les véhicules avec 3 ou 4 personnes)
- Informer sportifs et visiteurs des modalités de transports collectifs (afficher dans le dossier d'inscription les horaires des bus, les stations de métro, les lignes de tramway, etc.)

... pour la communication :

- Privilégier les échanges courriel (engagements, invitations, etc.)
- Utiliser du papier recyclé pour l'affichage promotionnel
- Si nécessité d'imprimer : utiliser systématiquement le recto/verso
- Diffuser les résultats via un site web, et non sur des listes papiers


... concernant le site de pratique :

- Tenir compte des considérations environnementales dans le choix du parcours (itinéraire respectant la biodiversité et les zones protégées)
- Privilégier l’utilisation d'adductions d'eau issues du service courant de distribution (plutôt que des bouteilles).
- Utiliser des toilettes sèches (sans eau)
- Utiliser des douches mobiles solaires
- Utiliser des robinets temporisés avec limiteurs de débit
- Utiliser des panneaux photovoltaïques portables pour la production d'électricité
- Utiliser du matériel économe en énergie (éclairage LED)
- Installer des zones de délestage des déchets avec tri sélectif
- Choisir des matériaux éco-labellisés (rubalise réutilisable, marquage bio-dégradable, etc.)

... dans le déroulement :

- Sensibiliser les participants le jour de la manifestation (évoquer le développement durable au stand d'accueil, diffuser des messages de sensibilisation via les hauts parleurs, etc.)
- Rechercher des producteurs locaux (denrées alimentaires, lots, récompenses, fournitures, etc.)
- Choisir de la nourriture et des boissons ayant un contenant recyclable.
- Contrôler et sanctionner les comportements non éco-citoyens (pénalité de 30 secondes si déchets non jetés en course dans la zone spéciale).
- Assurer le nettoyage et la remise en état des lieux après la manifestation (récupérer la signalétique, ramasser les ordures, etc.)

Avis de l’expert et discussion avec la salle

- Il est intéressant de constater que chacun ne met pas la même définition, ni les mêmes actions derrière cette logique de « développement durable ». Pour les uns il s’agit de préserver au mieux un site, un espace de pratique sportif, pour les autres cela relève plutôt de la sensibilisation du public et des sportifs concernant la fragilité de l’équilibre du milieu sur lequel ils évoluent. Ces concepts sont complémentaires et méritent d’être harmonisés.

- Il serait judicieux que les organisateurs de manifestations sportives se rapprochent d’autres festivals (musicaux ou culturels, tels que « les vieilles charrues » en Bretagne ou « Les papillons de nuit » dans la manche) afin de s’inspirer des méthodes, de profiter de l’expérience et de collaborer dans un esprit de mutualisation des connaissances et de partage des savoir-faire.

- Une démarche pédagogique efficace consiste à profiter de la pratique sportive en milieu naturel pour sensibiliser les participants, le public et les organisateurs aux caractéristiques de l’environnement : pourquoi tel paysage dans tel site? Pourquoi telle géologie dans tel autre ? Il faudrait commenter les parcours, rédiger des guides pour ensuite les distribuer, apposer des panneaux informatifs. Illustration concrète : la tectonique des plaques permet d’expliquer aux coureurs cyclistes les spécificités des cols en montagne. Dans ce domaine, il faut prendre conscience qu’il y a toujours un déficit d'offre mais certainement pas de demande : « quand on propose des choses au public pour faire découvrir l’environnement à l’occasion de manifestations sportives, ca marche ! » Les sportifs sont heureux de découvrir des espèces, de mieux comprendre les courants aériens et maritimes, etc.
- A noter enfin que le mieux est souvent l’ennemi du bien : il ne faut pas attendre d’avoir un dispositif « développement durable » parfait et complet pour commencer à mettre en œuvre des mesures. Même de petits gestes ou un travail partiel représentent une bonne initiative.
- Il est bon que les organisateurs inscrivent le développement durable dans le cadre d’un cahier des charges qui sera plus ou moins étoffé en fonction de l’envergure de la manifestation (nombre de personnes rassemblées), du lieu de pratique (milieu plus ou moins fragile) et des possibilités (compétence des organisateurs). Exemple : il est souvent facile de mettre en place des mesures pour favoriser le tri sélectif des déchets, alors que la réalisation d’un bilan carbone nécessite un savoir-faire particulier.

- Les pratiquants et spectateurs des sports de nature doivent considérer qu’ils louent véritablement un site naturel. Dans toute location, il y a une évaluation de départ ainsi qu’une évaluation terminale. Comme pour les biens immobiliers, cette évaluation doit être partagée.

- Certaines associations « écoresponsables » aident les clubs et les organisateurs sportifs dans leur démarche. L’objet de ces associations est de permettre une pratique sportive plus éco-adaptée, de sensibiliser sur la faune et la flore, sur l’intérêt du recyclage, etc.

- On remarque que, comme dans le cas de l’allocution de Samuel Gauthier pour le Racing Club Rugby de Narbonne (grand témoin du matin), les entreprises ne répondent pas nécessairement présentes pour sponsoriser une manifestation « éco responsable », alors même qu’elles font du développement durable un outil de promotion, de communication et de valorisation pour leur marque. On peut en déduire que l’aspect « développement durable » représente parfois une simple stratégie de communication grand public. Il est difficile d’aller au-delà de ce « vernis de surface ».

- Remarque est formulée qu’il aurait été intéressant d’aborder l’organisation d’une compétition ou bien d’un tournoi de sport collectif plutôt que de se concentrer exclusivement sur les sports de nature.


PRECONISATIONS

1. Certaines solutions étant transférables, les organisateurs sportifs ont tout intérêt à se rapprocher d’autres organisateurs de spectacles ayant une expérience « écoresponsable »
2. Il n’est pas nécessaire de finaliser l’ensemble d’un dispositif complexe pour s’engager dans une démarche écoresponsable.
3. Dans le cas où l’organisateur doit faire des choix, il est toujours préférable de donner priorité aux actions les plus « rentables en terme d’impact environnemental ». Exemple : quitte à choisir, il est préférable de porter les efforts sur le bilan carbone transport à la mise en place de panneaux photovoltaïques éphémères.

Thème 2 : pratique des sports de nature et préservation des espaces sites et itinéraires naturels

Marc MOULIN présente "la route de la grimpe", projet sportif (mais aussi touristique, économique et environnemental) transdépartemental de voies d'escalades. Il explique comment la pratique sportive a été envisagée dans un cadre permettant la préservation des différentes espèces d'oiseaux en partenariat avec les ornithologues.

Toute la problématique peut finalement se résumer ainsi : comment développer les ressources touristiques et financières d’une vallée enclavée, tout en respectant au mieux l'environnement (site classé « natura 2000 ») ? En 2001, préalablement au projet, une étude sur les impacts des activités sportives de plein air a été réalisée sur l’ensemble du territoire de la zone de protection spéciale des Basses-Corbières. Cette étude a permis d’identifier l’activité escalade comme étant potentiellement préjudiciable à la conservation des oiseaux et à leur habitat (spécifiquement aux rapaces rupestres).

Dans un souci de gestion concertée de l’environnement et de protection des espèces de la vallée, un important travail de partenariat et de mise en réseau a donc été entrepris, afin de donner à la route de la grimpe un caractère durable et intégré. La méthodologie adoptée s’est fondée dès le départ sur une large concertation.

Voici la liste des partenaires associés du projet :

- Communauté de Communes Agly-Fenouillèdes
- Communauté de Communes Rivesaltais-Agly-Manadeil
- Commune de Vingrau
- Direction Départementale de la Cohésion Sociale des Pyrénées-Orientales
- Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt
- Chambre d’agriculture
- DIREN
- Groupe Ornithologique du Roussillon
- Comité Départemental de la Montagne
- Fédération Française de Montagne et d’Escalade
- Comité Départemental du Tourisme
- Club Alpin français
- Pays d’Accueil Touristique Haut Fenouillèdes et Agly Verdouble
- Associations Corbières Escalade

Il s’est agit de rechercher un équilibre entre le développement économique, la protection de l'environnement, la satisfaction des besoins dans le domaine social et le respect de l'expression culturelle et politique. Chaque interlocuteur à fait montre de respect et d‘écoute. Cela a permis d’aboutir à des consensus afin de créer des voies d’escalades (qui préservent paysages et espèces ornithologiques), d’en déplacer d’autres et d’en supprimer certaines (au titre des enjeux de préservation environnementaux, 11 sites d’escalades, soit environ 140 voies potentielles ou existantes, ont été exclus du projet).

Au final, le projet a été créateur d’emploi et de développement économique (par le développement de l‘activité sportive et touristique) Il intègre l’environnement dans les décisions d’aménagement et d’équipement du territoire, dans la gestion de l’espace rural et urbain et il préserve les écosystèmes de montagne et les espaces protégés. Enfin, il est à noter que le développement de la communication intercommunale (le projet visait à permettre une ouverture sur la vallée de l’Agly, la plaine du Roussillon, et l’ensemble du massif des Corbières) a permis la mise en place d’outils d’information pour les espaces protégés (protection des espèces, recommandations, préservation des sites). Sans le partenariat d’origine, la route de la grimpe n’existerait pas aujourd’hui.

De cet exemple, on peut tirer des enseignements susceptibles d'essaimer dans l'ensemble des organisations sportives en milieu naturel :

- La logique collaborative qui a présidé au déroulement du projet s’est révélée particulièrement efficace.
- Il se confirme qu’il est intéressant de mettre en place des dispositifs permettant de sensibiliser les pratiquants au respect du patrimoine environnemental (panneaux d'information, table d'orientation, schémas territoriaux, etc.)
- Il est possible de protéger et de mettre en valeur des paysages par des aménagements sportifs discrets et respectueux.

Avis de l’expert et discussion avec la salle

- La route de la grimpe est un formidable exemple dans lequel deux mondes se sont rencontrés : celui du sport et celui les oiseaux nicheurs. Il s’agit finalement d’un partenariat gagnant / gagnant qui permet et assure un métissage des cultures.

- Cet exemple de concertation se retrouve au sein des CDESI (commission départementale des espaces sites et itinéraires) pilotés par les conseils généraux. Ces commissions ont pour objet de permettre le développement maitrisé des sports de nature en collaboration avec le mouvement sportif, les structures liées à l'environnement, les professionnels concernés, les élus locaux et les représentants de l'État. Il est très utile d’observer, de recueillir et de mutualiser les bonnes pratiques des départements dans le cadre de la mise en place des PDESI (plans départementaux) qui en découlent.

A noter que l’union européenne a demandé à ses états membres de mettre en œuvre une stratégie durable de préservation de la biodiversité. Dans ce cadre, la procédure française prévoit que dès lors qu’une manifestation de déroule en milieu naturel et peut avoir une incidence significative sur ce dernier, une étude d’impact écologique est à réaliser obligatoirement (idem pour l’implantation d’un équipement sportif). Ces études sont complexes et coutent cher. Il convient donc de rester raisonnable quant aux seuils à déterminer (à partir de quel budget, de quel nombre de participant faut-il fournir ce bilan d’étude ?) pour permettre aux organisations d’envergure modeste de se maintenir.


PRECONISATIONS

1. La mise en place d’une gestion concertée des sites et itinéraires (si possible « sanctuarisée » par des conventions) est un gage de réussite « durable ».
2. La recherche d’un projet équilibré entre les utilisateurs en utilisant une démarche gagnant / gagnant est une absolue nécessité.
3. La recherche d’une mise en place « intelligente et concertée » d’une réglementation qui s’impose peut être l’occasion de favoriser durablement l’éducation aux principes de gouvernance du développement durable.

Thème 3 : solutions pour sortir des difficultés relationnelles entre sportifs pratiquants et défenseurs de l'environnement

Jean-Marc BERTRAND présente la situation du Parc Naturel Régional de la Narbonnaise en Méditerranée, classé comme tel en 2003, qui s’étend sur une superficie de 80 000 hectares sur le littoral de l’Aude. 15.000 hectares sont classés en zone natura 2000 (norme européenne qui vise à préserver la biodiversité). Le territoire compte des milieux naturels variés et fragiles tels que des lagunes et des massifs calcaires. A noter que de nombreuses espèces animales font également l’objet de mesures de protection spécifiques.

Le parc se trouve confronté à des phénomènes de sur-fréquentation du complexe lagunaire se situant en périphérie de communes très touristiques telles que Narbonne-Plage, Gruissan ou Leucate-Plage. On relève en effet ces dernières années une augmentation des activités de randonnée (pédestres, équestres et VTT), des sports motorisés (quads, 4x4 et jet-ski) et des activités nautiques (planche à voile ou le kite-surf). Cette dernière pratique (les kite-surfeurs utilisent les courants aériens dans une voile de cerf volant pour surfer sur les vagues) a connu un engouement exceptionnel du public et donc un développement très important.

Le parc constate et redoute des phénomènes perturbateurs en raison d'un dérangement de l’avifaune et d'un appauvrissement de l’aviflore. Les voiles représentent par exemple une nuisance pour certaines populations d’oiseaux car le bruit est un facteur dérangeant. Lorsque le vent souffle fort dans les cerfs-volants la pratique est bruyante et l’approche de kite-surfeurs provoque l’envol des oiseaux présents. Ces dérangements, s’ils sont fréquents, perturbent l’animal : ils sont à l’origine d’une diminution des taux de reproduction et de pertes énergétiques en raison d'une limitation des phases d’alimentation.

La pratique induit aussi des impacts sur les milieux terrestres, notamment sur les berges, en raison des débarquements et des mises à l’eau non canalisés : dégradations de la végétation, piétinements, écrasements, accélération des phénomènes d’érosion, diminution des zones de nidification, etc.

Le parc a tenté de gérer au mieux cette nouvelle activité tout en tenant compte de l’important lobbying des écoles locales qui se révèle avantageux pour l’économie du territoire. Il s’agit d’intervenir sur les impacts directs (zonage du lieu de pratique) mais aussi indirects (régulation de l’accès aux sites). C'est ainsi que des réunions de concertation ont vues le jour avec les pratiquants, les écoles et les clubs, en partenariat avec la DDTM (direction départementale des territoires et de la mer). L’idée est d’engager une réflexion collective sur les moyens à mettre en œuvre pour encadrer et organiser l’activité.

Des propositions ont été formulées : création de parkings et réglementation des accès pour limiter l’afflux de véhicules. Ces mesures permettent de recréer des lieux refuges pour la faune. Il est aussi proposé que les zones de pratique soient clairement balisées, avec exclusion des sites fragiles. Dans un second temps, il est envisagé l’élaboration de chartes de bonne conduite concernant le comportement des pratiquants, à valider par les écoles. L’information pourrait aussi être diffusée directement sur le site par un affichage approprié. Par ailleurs, il est envisagé d’inclure un module « développement durable » dans la formation des moniteurs.

Ce témoignage laisse transparaître des pistes de remédiation aux conflits, qu'il est possible de résumer ainsi :

- Privilégier la coopération plutôt que la confrontation (les conflits existants, ou potentiels, entre pratique libre des sports de plein air et impératifs de protection de la nature trouvent souvent une solution au travers du dialogue.
- Nommer un médiateur entre les tenants d'une pratique sportive libre, sauvage, dérégulée, et les tenants d'une préservation stricte du milieu naturel (un service de l'Etat par exemple pour harmoniser les relations entre écoles et parcs naturels).

On peut aussi dégager un certain nombre de bonnes pratiques à valoriser :

- Inclure un chapitre développement durable dans les formations des éducateurs.
- Rédiger et afficher des chartes dans les endroits stratégiques
- Rédiger des conventions partenariales d'utilisation
- Protéger les massifs classés et les habitats protégés à l'aide d'un zonage clair départageant les sites praticables et ceux plus fragiles à préserver.
- Mettre en place un dispositif de veille pour le respect des recommandations (ronde de bénévoles, mobilisation de fonctionnaires, etc.)
- Mise en place d'une équipe logistique de remise en état des installations en cas de dégradation

Avis de l’expert et discussion avec la salle

- Remarque est faite que les parcs naturels régionaux ne disposent pas du pouvoir de police. A partir du moment où des décisions strictes d’application doivent être actées, il convient que l’Etat soit associé aux démarches.

- Les milieux sont changeants. Les zones de nidification se déplacent. Plutôt qu’une interdiction définitive d’une zone identifiée, la solution pourrait résider dans l’établissement d’un système de « jachère » permettant d’ouvrir puis d’interdire l’accès à certaines zones d’une année sur l’autre. Cela permettrait la régénération du milieu.

- Il est possible d’améliorer « l'éco-compatibilité » de certaines activités, comme par exemple la réduction des émissions sonores des engins mécaniques en approche, de façon à éviter un changement de territoire de la faune induisant des modifications irréversibles dans l'écosystème par exemple.

- L’affichage d'informations éco-citoyennes est toujours bénéfique (exemple : durée de vie des déchets dans la nature : chewing-gum 5 ans, sac plastique 100 ans, cannette 500 ans)


PRECONISATIONS

1. Pour tout projet, la phase de dialogue avec les autres utilisateurs du site doit être très largement anticipée
2. Dans le cas d’une manifestation « durable dans le temps », le choix des partenaires est un élément déterminant de la réussite ou de l’échec.
3. L’appel à un « médiateur » (Etat ou collectivité) est souvent une bonne solution.

PRECONISATIONS ET RELEXIONS FINALES

- Pour ce qui relève de la prise en compte du développement durable dans l’organisation des pratiques et des sites, il convient de s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue au fil des ans, et ne pas attendre d’avoir un dispositif parfait pour commencer à s’engager.

- Tous les acteurs sont concernés : les projets avancent positivement quand ils s’inscrivent dans une logique collaborative, de transversalité (associations, entreprises, pratiquants, collectivités, Etat, parc naturels, etc.)

- On considère parfois la nature comme un espace de liberté totale. La liberté des uns s’arrête ou commence celle d’autrui. Il en va de même avec la nature qui a le droit d’être respectée et préservée dans son intégrité. Dans le prolongement de cette constatation, il n’est donc parfois pas interdit d’interdire.

- Le développement durable est un concept que l’on peut finalement résumer d’une simple phrase : “Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures (hommes, végétaux ou animaux) à répondre aux leurs".
_________________
Sportivement
Jean-Marc BERTRAND
www.preparation-physique.info
La communauté des sportifs francophones


Dernière édition par Jean-Marc BERTRAND le Mer Fév 06, 2013 3:20 pm; édité 1 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web de l'utilisateur MSN Messenger
Serge
TEAM
TEAM


Inscrit le: 28 Aoû 2006
Messages: 1769

MessagePosté le: Sam Nov 06, 2010 5:58 pm    Sujet du message: Répondre en citant

De bien belles idées, mais tu l'as écrit toi même.

"..Tous les acteurs sont concernés : les projets avancent positivement quand ils s’inscrivent dans une logique collaborative, de transversalité (associations, entreprises, pratiquants, collectivités, Etat, parc naturels, etc.).."


Dans les partenaires que tu cites, on y voit de nombreux acteurs des sports de montagne...
Or ce n'est un secret pour personne, les belles pistes de ski où nous aimons à dévaler "cheveux au vent" sont construites au détriment de la montagne qui est raboté, arrangée...Qu'en pensent-ils?
De même cette vague qui a étreint nos régions chacune voulant son golf, gros consommateur d'eau et peu soucieux de développement durable...Qu'en est-il??

Ce qui apparait clairement: le développement durable (comme tu le soulignes) n'est qu'une stratégie du moment. Mais elle n'est pas propre aux entreprises privées. Les Collectivités Territoriales, les Régions, les Départements, chacun y va de son couplet...Une fois l'émotion passée les affaires continuent.
Je suis personnellement assez pessimiste sur le sujet.
Mais je suis (encore) d'accord avec toi: le développement durable passe par des gestes individuels, et c'est en cela que je suis optimiste.
Car se sont les pratiquants qui font bouger les lignes. Le pouvoir politique prétextant l'intérêt du plus grand nombre pour s'en s'exempter.
Je vais te raconter une anecdote à se sujet.

Il y a quelques années, un de mes copains s'occupait à Sarcelles de la campagne électorale pour les municipales. Il me fait rencontrer l'actuel directeur du FMI qui était le premier magistrat de la ville.
Je lui demande pourquoi il est favorable au nucléaire, alors que le risque de feu de sodium était extrêmement dangereux
http://www.ecolo.org/documents/documents_in_french/feux_de_sodium.htm


Réponse".. Vous savez, il faut bien chauffer les écoles pendant l'hiver..."

Autrement dit:
"Tu connais rien à mon boulot (il avait de hautes fonctions au sein du gouvernement), moi je m'occupe pas de futilités, je dois permettre aux écoles d'êtres chauffées..."

Voilà ma contribution, un ensemble décousu, mais qui reflète ma pensée... Wink
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Jean-Marc BERTRAND
Administrateur Site
Administrateur Site


Inscrit le: 01 Aoû 2006
Messages: 3395
Localisation: Montpellier

MessagePosté le: Lun Nov 08, 2010 10:18 am    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Serge

Pour les pistes de ski, il faut trouver un équilibre entre le necessaire développement économique d'une région, la satisfaction des besoins des sportifs et la protection de l'environnement. C'est hyper compliqué et c'est ça qui fait tout l'intéret (me semble t-il) de la politique (au sens noble du terme).

@ bientôt
_________________
Sportivement
Jean-Marc BERTRAND
www.preparation-physique.info
La communauté des sportifs francophones
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web de l'utilisateur MSN Messenger
Sportcenter
Vétéran
Vétéran


Inscrit le: 10 Oct 2006
Messages: 128

MessagePosté le: Ven Sep 07, 2012 12:19 pm    Sujet du message: Répondre en citant

G trouvé la solution : des remontées mécaniques démontables. Si si ça existe !!!
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Serge
TEAM
TEAM


Inscrit le: 28 Aoû 2006
Messages: 1769

MessagePosté le: Ven Sep 07, 2012 7:57 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Des skis avec des peaux de chamois, et hop!
En montant tu travailles aussi. Moralité la descente sera une récupération. Bien sur je doute que l'on puisse faire ça trop longtemps, mais c'est le développement durable!!
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Bienvenue sur www.Préparation-Physique.info Index du Forum -> Sports nautiques / Sports de nature / Sports d'hiver Toutes les heures sont au format GMT + 2 Heures
Page 1 sur 1

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


Jean-Marc.Bertrand@Preparation-Physique.info