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ARTICLE - Epaules et natation

 
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Auteur Message
Serge
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Inscrit le: 28 Aoû 2006
Messages: 1769

MessagePosté le: Jeu Mai 29, 2008 4:55 pm    Sujet du message: ARTICLE - Epaules et natation Répondre en citant

Il s'agit d'une courte revue de littérature, des hypothèses et de la problématique concernant l'épaule du nageur.
Même si cela vous semble assez loin des pratiquants que vous entraînez, n'oubliez pas qu'il s'agit d'une articulation sollicité dans un grand nombre de gestes (les lancers en athlétisme par exemple) et vous y retrouvez donc: la relative instabilité de l'épaule, le trajet entre l'acromion et l'apophyse coracoïde...
La littérature concernant l’épaule du nageur est très abondante.
Les auteurs soulignent la relative instabilité de l’épaule, ceci ajoutant à la complexité du problème
Les causes sont nombreuses, il est difficile d’affirmer la prévalence d’une cause sur l’autre.
Mais à chaque article qui lui est consacré, on trouve l’utilisation des plaquettes comme étant un des facteurs (mais pas le seul répétons le) favorisant la survenue de la blessure.
Dans leur article intitulé : « Upper extremity overuse injuries in swimming, a Discussion of Swimming Shoulder » Edward J. Weldon et Allen B. Richardson insistent sur la survenue d’une telle pathologie (1)
Personne n’est épargné. Ce type de blessure affecte aussi bien les hommes que les femmes. L’épaule dominante ou pas. Avec une gravité qui peut aller jusqu’à la chronicité. Leur étude fait état de plus d’un million de passage de bras pour chaque côté…chez le nageur, en une année d’entraînement.
Dans le même registre, William et MCMaster signalent que plus du tiers des nageurs de l’élite peuvent présenter des problèmes d’épaule (2)
L’utilisation des plaquettes est d’après eux un des facteurs identifié comme cause des blessures à l’épaule chez le nageur.
Dans la survenue de la blessure, comment les plaquettes agissent-elles ?
Pour cela, Gourgoulis, Aggeloussis, Vezos, Kasimatis, Antoniou, et Mavromatis ont estimé la force d’appuis lors d’une longueur en crawl, sans plaquettes et avec (116 cm2 et 268 cm2) (3) leur analyse rejoint les éléments fournis en introduction :
Si le nageur s’appuie sur l’eau avec les plaquettes pour avancer, il diminue son nombre de passage de bras. Ce travail aura pour but d’augmenter la puissance des bras.
De même, on note un lien entre la taille de la plaquette et la vitesse de bras. Bien entendu, plus la surface est importante, plus la vitesse de bras décroît.
Poursuivant cette revue de littérature, nous voudrions souligner un article publié par des médecins du CERS (centre européen de rééducation du sportif).
Sorte de synthèse de nombreuses publications, il fait le point en langue Française sur l’épaule du nageur (4)
Nous y retrouvons les grands axes.
- Une propulsion s’effectuant essentiellement à l’aide des membres supérieurs explique la prédominance des problèmes au niveau des épaules.
- L’utilisation de plaquettes qui augmentent la résistance au mouvement, et sont donc créatrices de tendinites.
- Mais aussi l’instabilité multidirectionnelle de l’épaule comme la cause majeure des problèmes tendineux du nageur (reprenant les propos de Neer (5) mais aussi de Jobe (6), pour qui la laxité de l’épaule est source de tendinopathie). Les auteurs stigmatisent une préparation hors de l’eau qui à base d’exercices d’étirements « dans tous les sens » favorise la survenue des douleurs.- La référence faisant état de 40 à 80% de nageurs selon les auteurs qui peuvent souffrir un jour ou l’autre de douleurs à l’épaule.
- Ils introduisent une donnée très importante : le travail du geste technique. Avec une référence au regretté James Counsillman, entraîneur des nageurs Américains des années 70, et son « Elbows up » (7). Ceci afin d’éviter un retour aérien bras tendus, et donc une source de douleurs à l’épaule.
Nous sommes loin du traitement « classique » à base de repos, de sédatifs et ou d’anti- inflammatoires. Voire quelques fois d’injections de corticostéroïdes.


PROBLEMATIQUE-HYPOTHESES

La pratique sportive du nageur dure entre 10 et 15 ans. Pendant cette période, il va accumuler les longueurs de bassin.
La population est relativement jeune.
La carrière du nageur s’arrête entre 20 et 25 ans. Celle de la nageuse le plus souvent vers 20 ans.
Néanmoins, avec l’apparition des compétitions masters, les nageurs peuvent poursuivre leur carrière et des lésions dégénératives peuvent survenir.
L’articulation de l’épaule possède quatre rotateurs qui forment une coiffe tendineuse. Appelée aussi « coiffe des rotateurs », ce sont : les muscles sus et sous épineux, le muscle petit rond, et le muscle sous scapulaire.
(Cette appellation est contestée, nous la garderons par commodité) (9)
Les trois premiers s’insèrent sur la partie externe du bras et tournent le bras vers l’extérieur. Le sous-scapulaire s’attache sur la face antérieure du bras et fait tourner le bras en dedans.
Lors de l’abduction, le tendon du muscle sus épineux se glisse sous un toit formé par le ligament acromio-coracoïdien (allant de l’acromion à l’apophyse coracoïde).
En cas de rotation externe, le tendon du muscle sous-scapulaire va également glisser sous ce ligament.
Dans cet espace limité passent donc les tendons des muscles cités ci-dessus, mais aussi ceux du sou épineux, du petit rond et du long biceps.
Lorsque l’on interroge le nageur, il situe généralement la douleur sur l’épaule elle-même. En effet, il est assez difficile d’effectuer une palpation, le deltoïde gênant la localisation.
Cependant, la grande majorité des douleurs « pures » de l’épaule sont à rechercher au niveau de la coiffe des rotateurs, surtout au niveau des muscles sus épineux. Ce sont essentiellement des douleurs des parties antérieures et supérieures de l’épaule. Il est possible de les déclencher si l’on soulève le bras en dehors et en haut, et si l’on exécute une rotation de l’épaule.
Repensons au million de passage de bras, dans l’étude citée plus haut…
Un autre élément qui a toute son importance : l’épaule est automatiquement sollicité pour tous les mouvements de bras en natation.
Tôt ou tard, dans cet étroit passage, une douleur surviendra, à plus forte raison si l’on utilise des plaquettes. La meilleure arme étant le repos, la saison s’en trouvera perturbée. Mais si rien n’est fait, la douleur va s’installer, la chronicité, il ne sera pas rare de voir des tendons calcifiés lors de radiographies.
Mais alors que faire ?
Faut-il supprimer purement et simplement les plaquettes, qui d’après les références citées seraient « le mal absolu » ?
La réponse ne saurait être tranchée de façon manichéenne.
Nous ne pouvons dire, qu’il y aurait d’un côté les partisans des plaquettes, des entraîneurs qui sont prêt à mettre en danger leurs nageurs. De l’autre, ceux qui privilégient la santé des nageurs, et s’abstiennent de les utiliser, au risque de voir stagner les performances. Vous voyez déjà l’aspect caricatural de cette proposition.
(Cependant, et nous pouvons d’or et déjà le noter, la sauvegarde des épaules des nageurs passe par une meilleure formation des entraîneurs.)
Notre position sera plus nuancée
Notre hypothèse aussi.
Les plaquettes pourquoi pas, mais pas trop tôt. Il faudra réaliser un travail technique, qui donne la position exacte du bras, de la main. Qui indique comment l’appuis dans l’eau peut-être le plus efficace possible. N’oublions pas, par exemple que la position de la main, son angle d’inclinaison peut modifier la portance hydrodynamique du nageur (Cool
Mais aussi combien le retour aérien du bras peut lorsqu’il est fléchi (« elbows up » selon Counsilman) avoir un effet préventif sur la sollicitation de l’épaule. En effet, le retour balistique du bras soumet l’épaule à de fortes contraintes. Ce que nous voulons éviter à tout prix.
Il existe un référentiel dans le livre de Didier Cholet (déjà cité) qui s’applique à faire l’inventaire des « corrections techniques du crawl », nous nous en inspirerons.
Cet apprentissage va prendre « un certain temps », qui sera le gage, d’une maturation du nageur.
Un apprentissage qui va le conduire à mieux connaître son travail de bras. De bien ressentir les appuis. D’apprendre à évoluer sans contraintes trop importantes sur l’épaule. Mais me direz-vous, que faites–vous du calendrier, des compétitions et des diverses échéances de la saison ? Il n’y a rien d’incompatible. La mise de côté provisoire des plaquettes ne change rien à l’affaire.
Il s’agit de sensations. « ..La connaissance théorique des références sur la propulsion aquatique n’est pas nécessaire pour se situer au plus haut niveau. Elle est juste un moyen de comprendre les comportements… » (Didier Cholet)
Et ensuite seulement nous passerons au travail à l’aide des plaquettes.
Cette façon de procéder, n’altèrera en rien les performances chronométriques. Mais permettra au contraire d’assurer au nageur un référentiel technique, pouvant le mettre à l’abri des blessures.
La natation est affaire de sensations. Sensations qui doivent être obtenues « en nageant », mais sans plaquettes. Toute la difficulté résidant dans cette recherche.

BIBLIOGRAPHIE


(1) Edward J. Weldon III. Allen B. Richardson. “Upper extremity overuse injuries in swimming “A discussion of “swimmer “shoulder. Clinics in sport medicine volume20,issue 3, 1 July 2001, page 423-438.
(2) William C. Mc Master “shoulder injuries in competitive swimmers” Clinics in sports medicine volume 18, issue 2 April 1999, page 349-359.
(3) Gourgoulis V. Aggeloussis N. Vezos N. Kasimatis P. Antoniou K. Mavromatis G. “ estimation of hand forces and propelling efficiency during front crawl swimming with hand paddles” Journal of biomechanics, volume 41, issue 1, 2008, page 208-215.
(4) Middleton P. Puig P. Trouve P. « physiopathologie et prévention de la pathologie de l’épaule du nageur » CERS publications médicales
(5) Neer C.S. « impigement lesions ». Clin. Orthopedic. 173 :70, 1983
(6) Jobe F. W. Kvitne R. S. Giangarra e. “ shoulder pain in the overhand of throwing athlete: the relationship of anterior stability and rotator cuff impingment”. Orthopaedic review. 18: 963, 1989.
(7) Counsilman J.E “La natation” Chiron éditeur (1977)
(Cool Cholet D. « Approche scientifique de la natation sportive » collection sport + initiation Vigot 1992. (chap. 7,Cool)
(9) Pilardeau Paul « pathologie humaine et évolution ou le syndrome de Lucy » DERMS éditeur p114.

Pour ceux qui veulent en savoir plus.
http://www.sceincedirect.com/science?...
Des résumés en Anglais, mais assez faciles à lire.

http://www.cers.org/publications/default.htm

Le CERS de Cap Breton, vous ne serez pas surpris si je vous dis que l'un des médecins est ancien nageur...Des publications sur l'épaule, le rachis, le genoux... En Français!! Wink
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MessagePosté le: Jeu Juil 31, 2008 10:01 am    Sujet du message: Répondre en citant

C'est toujours appréciable quand l'auteur de la recherche et celui qui conduit les travaux a déjà pratiqué l'activité... Il se pose souvent les bonnes questions. Ca se confirme avec cette étude. merci !
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